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Thérapies par le jeu (complet)

Par Yann lemeux



Des thérapies ludiques pour petits et grands enfants – Thérapies par le jeu


L’hypnose avec les adultes m’a amené à rencontrer les enfants cachés en eux et à naturellement travailler à accompagner des enfants en thérapie. En plus de l’hypnose et des thérapies brèves, j’utilise le jeu comme outil d’émergence, de distanciation et de résolution. J’ai pu expérimenter les principes de la Sandplay Therapy et la Child Centered Therapy et leurs avantages. J’avais envie de présenter, simplement, dans un article, le déroulement d’une thérapie par le jeu en prenant l'exemple de ce que j'ai lu et observé dans ma pratique et dans la thérapie par le jeu de sable (Sandtray Therapy).


Cet article est dédié à toutes celles et ceux qui ont un enfant à l’intérieur, à leurs enfants, à mes grands et à mes petit clients, à mes amis et à ma famille.


De la différence entre un bac à sable ordinaire, dans lequel un enfant joue sur une aire de jeu, et le bac à sable utilisé en Sandplay Therapy


La plupart des bacs à sable sont généralement situés à l’extérieur et sont beaucoup plus grands. Un enfant peut s’asseoir à l’intérieur. Avec le bac utilisé en thérapie, cet espace est limité à un champ naturel de vision. Ce qui est exprimé par l’enfant à travers le bac à sable est contenu dans ses limites, bords. Dans des bacs à sable plus grands, dans lesquels l’enfant peut entrer corporellement, il agît lui-même comme un personnage du jeu. En thérapie, les bacs sont plus petits et les enfants expriment leurs idées dans une image tridimensionnelle et indépendante.


Pourquoi une thérapie avec du sable ?


Le sable représente un élément que nous utilisons très peu à l’état brut dans notre vie quotidienne. Il représente l’élément Terre. Les écoles sont presque entièrement orientées sur l’intellectuel. Le peu qu’il reste pour le corps, comme l’éducation physique et sportive, est pratiqué seulement quelques heures par semaine ; presque rien, comparé au nombre très important des heures consacrées au travail intellectuel.


Cette répartition déséquilibrée crée chez l’enfant un développement unipolaire basé seulement sur le travail intellectuel et virtuel. Beaucoup d’enfants viennent à la thérapie en raison des souffrances occasionnés par des blocages dus à cette répartition qui est loin d’être naturelle, ce qui signifie que, souvent, il leur manque l’énergie disponible pour assimiler les éléments qui leurs sont donnés presque exclusivement de manière intellectuelle.


Les rêves qui viennent de l’inconscient ne connaissent pas de limite. La fantaisie y est totalement libre. Par conséquent, on met à la disposition de l’enfant autant de figurines que possible afin de lui donner une plus grande opportunité de s’exprimer.


A quels enfants s’adresse cette thérapie ?


La plupart des enfants qui sont amenés dans des thérapies rencontrent des difficultés à l’école et/ou souffrent de problèmes comportementaux qui alertent les parents que quelque chose ne va pas. Ces problèmes sont très nombreux et propres à chaque enfant. Ce peuvent être des problèmes relationnels, des problèmes avec des camarades de classe, entre frère et sœur, de panique, d’angoisse, des symptômes psychosomatiques comme l’asthme, les maux de tête, l’énurésie, etc. Tout ce qui indique que l’enfant traverse une période difficile et qu’il a besoin d’être accompagné par un thérapeute.


Comment ça se passe quand l’enfant vient voir le thérapeute et commence à « jouer » avec les bacs et les figurines ?


Le principe de base de cette thérapie est d’offrir une espace libre et protégé. L’enfant est libre d’y faire tout ce qu’il veut. En même temps, l’espace doit être sécurisé parce que l’enfant, spécialement l’enfant insécurisé, ne connaît pas ses propres limites. Ce qui signifie que cet enfant n’a pas d’espace délimité et que son comportement va repousser encore et encore les limites ou continuer à l’inhiber. Par exemple, un enfant « agressif » qui voudrait faire un feu dans le sable ou la terre du jardin le fera de plus en plus grand jusqu’à ce que cela devienne dangereux. A ce moment de sa vie et en thérapie, il a besoin de la « protection » et du contenant que le thérapeute peut lui fournir. Le bac à sable représente un espace libre et protégé. Le grand nombre de figurines à la disposition de l’enfant rend cet espace libre et offre à l’enfant des possibilités infinies pour exprimer tout ce qui lui vient à l’esprit. La limitation de l’espace par le bac apporte à l’enfant de la sécurité, un cadre, et il ne cherchera pas à en dépasser les limites.


Comment distinguer les notions de « limite » et « d’autorité » ?


L’autorité qui est en général mal adaptée est celle qu’on peut qualifier « d’autoritaire ». Elle ne permet pas à l’enfant d’être libre de faire ses propres expériences. Pourtant ces expériences s’imposent à l’enfant dès son plus jeune âge. A l’âge de deux ou trois ans, l’âge de l’école maternelle et des jardins d’enfants, l’enfant n’est pas encore prêt à faire tout ses propres choix sans la « protection » d’une personne bienveillante. Quant aux limites, elles varient d’un enfant à l’autre. Chacun vit dans les limites de sa nature (limites évolutives). Le travail du thérapeute est de les reconnaître et de guider, en tenant compte de ces limites mises à jour, le processus de thérapie.


Quel est l’avantage de la Sandplay Therapy par rapport à d’autres thérapies par le jeu ?


Lorsqu’un enfant joue avec le sable, il joue dans un bac (espace) qui correspond à son champ de vision. L’enfant se rend vite compte que là où il place et crée sa représentation, il expérimente sa propre totalité. Les premières images montrent souvent des situations qui jouent un rôle dans la réalité extérieure à l’enfant. Très vite, des symboles émergent qui pointent sur les problèmes internes de l’enfant. L’enfant, au fur et à mesure qu’il joue, va de plus en plus profondément à l’intérieur de lui-même. Il rend visible à l’extérieur une situation intérieure. La polarité jusqu’alors opposée de ses mondes intérieur et extérieur est ainsi mise à jour et réunie dans une même image.


Comme un lion en cage


Beaucoup de parents ont perdu leur aptitude à jouer. Il est possible que même dans leur jeunesse ils ne jouaient pas ou très peu. Ces parents doivent se comporter conformément à certaines contraintes sociales. En ville, beaucoup de familles vivent dans des appartements avec des voisins au-dessus et au-dessous à ne pas déranger. Dans ce contexte, l’enfant est fortement limité et a peu de chance de jouer tout son saoul. Lorsqu’il fait trop de bruit, courre, tape, crie, cela peut agacer les voisins qui se plaignent. Si ce n’est pas le cas, il peut au minimum ressentir l'inquiétude des parents ou leur peur de la réaction potentielle des voisins. En appartement, l’atmosphère est moins propice au jeu corporel, au défoulement et aux grands espaces. Sans compter les autres limitations de ce mode de vie, comme des accès très limités à l’extérieur, à des espaces larges où se mouvoir à son aise et le contact avec les éléments naturels. Toutes ces limites finissent par créer un ressenti inconscient de « non-liberté », de « contrainte » chez l’enfant et entraîner des problèmes dans son développement. Lors des séances, on reçoit les parents et on les encourage à créer eux aussi leurs représentations dans le sable et c’est étonnant de constater à quel point ces parents, après cet exercice, se sentent libérés.


Etre parent d’un enfant en thérapie


Pour les parents, la plupart du temps, l’entrée d’un enfant en thérapie est très difficile. Dans la mesure où l’enfant expérimente spontanément cet espace libre et protégé, il se sent tout de suite en sécurité et heureux. Cela peut donner l’impression aux parents que l’enfant aime la thérapie parce qu’il peut y faire tout ce qu’il veut. Pourtant, en réalité et au-delà des apparences, l’enfant doit suivre certaines règles. En thérapie il y a biensûr des règles mais elles correspondent à l’enfant.


Alors que les parents ont leur propre idée que les choses doivent être faites d’une certaine manière, ces idées préconçues peuvent ne pas convenir à la façon d’être de l’enfant.


En Thérapie, l’enfant développe un monde nouveau et y entre. A la maison, il doit continuer à vivre avec ses parents qui restent tels qu’ils sont pendant que l’enfant change.


Est-ce que cela ne crée pas un conflit ?


L’enfant, quand il arrive en thérapie, est généralement insécurisé. Le premier travail du thérapeute est de donner à l’enfant une sécurité intérieure. Cette sécurité intérieure grandit au fur et à mesure que l’enfant s’exprime dans cet espace libre et protégé de thérapie.

Le but de la thérapie est d’enraciner profondément dans l’enfant (ou l’adulte), une sécurité intérieure afin que, même face aux influences négatives du monde extérieur, à la maison, à l’école, il puisse rester en sécurité à l’intérieur de lui-même.


Comment désactiver la culpabilité des parents ?


Lorsque les parents se rendent compte que leur enfant ne va pas bien, ils se mettent à penser qu’ils ont fait des erreurs et ils ressentent de la culpabilité. Le monde qui nous entoure, conversations, médias, etc., regorge de pointeurs des soi-disant « erreurs » que les parents font avec leurs enfants : "tu devrais faire comme ci", "tu aurais dû faire comme ça", et bla et blabla ... Ce monde est évidemment culpabilisant pour des parents qui veulent bien faire. En thérapie, je reçois aussi les parents, on aborde ce sentiment de culpabilité, on en tient compte et je les aide à désactiver ce sentiment de culpabilité qui ne peut en rien aider l’enfant. Le désactiver, pour le bien de l’enfant, est une première étape.


Ce sentiment de culpabilité est très souvent lié au contexte dans lequel nous vivons. Nos modes de vie sont de plus en plus éloignés de ce qui est naturel et adéquat aux êtres humains. Même les parents ne sont pas vraiment « eux-mêmes ». Dans ce contexte, ils sont eux aussi éloignés de leur nature propre. On explique tout simplement aux parents que même s’ils peuvent se trouver fautifs, s’accuser d’avoir eu tort de mettre en place certaines règles, d’avoir eu certains comportements, ne pas avoir fait assez, d’avoir fait trop, etc., en réalité, nous sommes tous dans une situation qui ne correspond pas à notre nature, nous sommes tous faillibles et expérimentons (apprenons) le fait d’être parents en même temps que nous le sommes. En échangeant avec les parents, on discute aussi de la façon d’aborder l’enfant en tenant compte de sa nature.


L’enjeu ici est d’amener l’enfant à se rapprocher de ses possibilités naturelles, ses instincts, sa nature, ce qui va libérer les parents de leur sentiment de culpabilité.


De la manifestation du Moi en cours de thérapie


Avec la manifestation du Moi et la prise de conscience de l’ego comme partie de ce Tout, on assiste à la transformation de l’énergie psychique. A partir de représentations de la nature, à travers les figurines et le modelage du sable, l’enfant se trouve face à des expressions de sa propre nature, expressions que jusqu’à avant la thérapie, il considérait comme des « forces obscures » et qu’il accepte maintenant. Durant cette phase de développement on assiste à une transformation. Les forces qui étaient considérées comme « destructrices » deviennent « constructives ».


Part animale et ego


La formation de l’ego commence après la manifestation du Moi qui est souvent, en cours de thérapie avec des figurines et images, représenté d’abord avec des représentations d’animaux. Ces représentations correspondent à la part animale de l’être humain, part ancrée dans sa nature. C’est seulement après plusieurs séances, après cette première représentation « animale », que la part de l’être humain s’exprime et devient plus importante.


On retrouve ces représentations d’animaux dans les jeux des plus petits, les livres et films d’animation qui leurs sont destinés. Ils leur offrent une représentation positive de leur part animale. Dans ces histoires, dans les contes, souvent, l’humain développe des relations harmonieuses avec les animaux qui l’aident à accomplir sa quête.


L’acceptation de cette part animale qui aide et sa représentation permettent à l’enfant de faire face à ses instincts et de les contrôler. Après s’être connecté au monde des instincts, l’enfant commence à construire sa personnalité propre et indépendante.


Cette relation entre le corps et l’esprit n’est pas évidente pour l’enfant qui doit apprendre à vivre à la fois dans le monde matériel et dans le monde spirituel.


Les thérapies par le jeu de construction sont de formidables allégories de la construction du Moi.


De la régression à la (re)formation de l’ego


Personnellement, j’utilise les thérapies par l’objet et le jeu tout autant avec des adultes qu’avec des enfants. Quand ils arrivent dans mon cabinets, j'ai en tête cette phrase de Michel Jonasz : "les hommes sont toujours des enfants".


Il est important, dès le début, de bien poser un contexte et un cadre propice à la régression. En cela la Sandplay Therapy offre de multiples possibilités de régression telles que le jeu de sable et les figurines. Cette régression symbolique est une façon de plonger dans l’inconscient où les aspects qui « bloquent » le développement de l’ego peuvent s’exprimer avec leurs causes profondes. Ma pratique de l'hypnose vient compléter et rendre plus efficace cette connexion avec l'inconscient.


Ainsi, après la manifestation de la totalité (la réunion de la part inconsciente et de la part consciente en une même représentation dans le sable), l’ego, entendu, exprimé, recommence à nouveau à se développer dans un sens positif, écologique et ergonomique. Cet ego, jusqu’alors envahissant, ne domine plus et il trouve sa place de « centre » de l’esprit conscient. Lorsque l’ego est ainsi contenu, le Moi représente la totalité de la personnalité de l’homme.


A quel âge commence normalement la formation de l’ego ?


Il est généralement admis que la manifestation du Moi se fait entre 2 et 4 ans. Après cette manifestation, la phase dite de "rébellion" commence (Non, Je n’aime pas, Je ne veux pas …). C’est à partir de ce moment que l’enfant parle de lui avec « Moi », « Je » et arrête de parler à la troisième personne.


Comment se comporter, pour un parent, lors de cette phase de rébellion ?


Cette phase de rébellion est cruciale au développement de l’enfant. L’enfant peut être très obéissant et heureux jusqu’à ce qu’il entre en phase de rébellion et, souvent, les parents n’arrivent pas à comprendre et à accueillir ce changement de comportement. Les parents veulent que l’enfant soit le même qu’il était avant. Ceci reviendrait à dire que l’enfant ne peut pas développer sa propre personnalité indépendante. L’enfant, pour se développer, doit expérimenter cette indépendance à partir et contre le monde extérieur pour s’affirmer en tant qu’individu indépendant, capable de décisions. S’il dit « non » continuellement, c’est que son ego est en train de s’affirmer. Cet ego a besoin de faire ses propres expériences. Le rôle du parent est aussi de permettre à l’enfant d’affronter le monde plus librement et par lui-même.


Fin de la thérapie et évolution de l’enfant par lui-même


La Sandplay Therapy permet de libérer les forces créatrices de l’enfant (ou de l’adulte) et ainsi lui permettre de devenir constructif et productif. Il peut maintenant aborder la vie sous un angle nouveau. C’est souvent à ce moment que l’enfant « quitte » la thérapie. Il est maintenant en capacité d’utiliser et de tester ses nouvelles forces. Il est devenu plus indépendant des influences négatives et il devient plus ouvert dans ses relations avec les autres.


Cet enfant qui, en thérapie, a expérimenté un espace libre et protégé peut transposer ses expériences dans la Vie. Il est maintenant devenu lui-même cet « espace libre et protégé » et il peut maintenant évoluer lui-même dans le monde.


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